Tensions judéo-chrétiennes en Israël : Les attaques contre des sites et des religieux chrétiens en augmentation
Ces derniers mois, une série d’attaques visant des prêtres, des religieuses et des pèlerins chrétiens a été observée en Israël, alimentant les tensions entre les communautés juive et chrétienne. Jeudi dernier, une fenêtre historique de la salle de la dernière Cène sur le mont Sion à Jérusalem a été endommagée par un homme juif qui a lancé une pierre, apparemment sous l’influence de l’alcool. Ces incidents inquiétants ont suscité l’ouverture d’une enquête par la police, qui a arrêté un résident de Jérusalem dans la trentaine. Le tribunal de première instance de Jérusalem a depuis ordonné la libération du suspect sous des conditions restrictives.
Le vandalisme perpétré contre des sites chrétiens et arméniens ainsi que contre des religieux dans la Vieille Ville de Jérusalem a conduit à une montée des tensions judéo-chrétiennes. Vendredi, une conférence intitulée « Pourquoi certains juifs crachent sur les Gentils » s’est tenue dans la ville, réunissant divers chercheurs et enseignants d’universités locales. Toutefois, le titre de la conférence a suscité de vives critiques, obligeant les organisateurs à changer de lieu à la dernière minute. Le ministère des Affaires étrangères israélien a décidé de boycotter cet événement, ce qui est considéré comme une décision inhabituelle, étant donné que ce ministère est normalement responsable des relations avec le monde chrétien et des liens avec les différentes églises.
Yasaka Harani, un chercheur indépendant ayant assisté à la conférence, a commenté l’incident de la fenêtre brisée en déclarant : « Peu importe qu’il soit ivre ou non. Les contrevenants se retrouvent toujours… dans des situations exceptionnelles pour une raison quelconque. » Il a également partagé les photos de la fenêtre endommagée avec un expert du Moyen-Orient présent lors de la conférence, qui a cité un verset biblique soulignant l’importance de juger les nations avec justice. Selon lui, il est regrettable que certains Juifs, qu’ils soient ivres ou sobres mais ayant des visions du monde déformées, ne suivent pas la voie indiquée par ce verset.
Gadi Dahan, un guide touristique à Jérusalem, a réagi à l’incident en soulignant que les tensions se sont intensifiées ces dernières années, avec des actes de vandalisme contre des sites religieux, tels que la destruction des céramiques décoratives de la tombe du roi David il y a environ 10 ans. Il déplore la division croissante entre les extrêmes qui complique la situation.
Outre Jérusalem, d’autres incidents ont été signalés dans des sites chrétiens à travers Israël. Récemment, des Hassidim Breslov ont commencé à visiter l’église du monastère carmélite Stella Maris à Haïfa, qu’ils considèrent comme le lieu de sépulture du prophète Élisée. Les tensions se sont exacerbées lorsque deux d’entre eux ont été vus en train de prier à l’intérieur du sanctuaire de l’église. Suite à cela, un résident arabe chrétien de la ville a été arrêté pour avoir agressé deux Hassidim. Sous la pression des responsables de l’Église catholique, il a été libéré. Face à l’indignation croissante de la population arabe de Haïfa, le commandant de la police de la ville a tenu une réunion avec le maire, les moines et les nonnes pour renforcer la sécurité autour du monastère.
Ces derniers mois, les attaques et les actes de harcèlement perpétrés par des Juifs harédi et des militants d’extrême droite contre des prêtres, des religieuses et des pèlerins chrétiens en Israël ont augmenté, en particulier à Jérusalem. Parmi ces incidents, le crachat sur des membres du clergé chrétien et le vandalisme visant des bâtiments et des symboles chrétiens, tels que des monastères, des églises et des croix, sont devenus des phénomènes préoccupants. Certaines de ces agressions ont été documentées et ont circulé sur les réseaux sociaux ainsi que dans les médias télévisés israéliens.
En avril, un résident de Jérusalem a été arrêté pour avoir cambriolé un monastère dans le quartier Ein Kerem de la ville. Deux suspects masqués étaient entrés dans le monastère, avaient attaché une religieuse avec du ruban adhésif, lui avaient scellé la bouche et avaient volé une importante somme d’argent étranger. Une autre religieuse, présente sur les lieux, s’était réfugiée dans sa chambre, avait barricadé la porte et avait alerté la police.
En janvier, plusieurs incidents similaires de haine envers les sites chrétiens ont été rapportés. Le centre chrétien maronite de Ma’alot-Tarshiha, dans le nord d’Israël, a été vandalisé et détruit par des individus inconnus. Une semaine auparavant, des tombes du cimetière chrétien du mont Sion avaient été vandalisées et des inscriptions haineuses avaient été taguées sur les murs du monastère arménien de la Vieille Ville de Jérusalem.
Déborah Tolédano.