Crise imminente alors que la Jordanie sollicite la coopération de l’ONU pour le retour des réfugiés syriens
La Jordanie fait face à une situation critique alors que sa capacité d’accueil des réfugiés syriens atteint un point de rupture. Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a exprimé ses préoccupations quant à la diminution de l’aide internationale destinée aux réfugiés syriens présents sur son territoire. Actuellement, plus de 660 000 réfugiés syriens vivent en Jordanie, et cette population est confrontée à une crise humanitaire imminente.
Ayman Safadi a récemment rencontré Martin Griffiths, le sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, pour discuter de la nécessité de renforcer la coopération entre la Jordanie et l’ONU afin de répondre aux besoins pressants des réfugiés.
L’objectif à long terme pour ces réfugiés est de retourner dans leur pays d’origine, la Syrie. Cependant, Ayman Safadi souligne que cela dépendra de la mise en place d’un environnement sécurisé et favorable au retour. Cette crise humanitaire imminente est le résultat d’un afflux massif de réfugiés en Jordanie et de la diminution de l’aide internationale pour les soutenir dans leur intégration.
Une enquête publiée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a révélé que près de 660 000 réfugiés syriens étaient enregistrés en Jordanie en avril dernier. Malheureusement, environ 86 % d’entre eux ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas subvenir à leurs besoins de base et ceux de leur famille. Malgré ces difficultés, près de 97 % n’avaient pas l’intention de retourner dans leur pays d’origine au cours des 12 prochains mois.
Agyad Abu Zayad, un journaliste syrien basé en Jordanie, a souligné l’importance de maintenir l’aide humanitaire en l’absence de perspectives claires pour le retour des réfugiés en Syrie. Selon lui, les gouvernements et les ONG internationales doivent s’assurer que les besoins fondamentaux des réfugiés syriens en matière de santé, d’éducation et de subsistance sont satisfaits, car le coût de la vie élevé a entraîné une augmentation de la pauvreté, aggravée par le manque d’opportunités d’emploi.
Le Programme alimentaire mondial a fourni une aide cruciale à environ 465 000 réfugiés, en grande majorité des Syriens, vivant dans des camps et des communautés d’accueil en Jordanie. Cependant, les vulnérabilités des réfugiés syriens et des Jordaniens se sont aggravées, selon l’organisme.
Pour soutenir les Syriens, tant ceux qui souffrent à l’intérieur de la Syrie que ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins, l’Union européenne a organisé une conférence à Bruxelles. Lors de cette réunion, les membres se sont engagés à fournir 5,6 milliards d’euros sur deux ans. Toutefois, le Comité international de secours a averti que cette somme était encore insuffisante pour répondre aux besoins croissants en Syrie et dans la région.
La situation est alarmante pour les réfugiés syriens en Jordanie. Sans un soutien continu des donateurs, les services essentiels tels que l’éducation et la santé risquent d’être gravement affectés. L’Université de Yarmouk et des organisations telles que Himam, une coalition de la société civile jordanienne, attirent l’attention sur l’impact direct de cette réduction de soutien sur la santé et le bien-être des réfugiés, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables. L’augmentation du chômage qui en découlerait pourrait également entraîner une hausse du taux de criminalité.
Dans ce contexte, l’ambassadeur de Belgique en Jordanie, Sege Dickschen, souligne la nécessité d’une protection internationale pour les réfugiés syriens qui envisagent un retour dans leur pays d’origine. Pour que ce retour soit viable et sûr, une surveillance internationale en Syrie devrait être mise en place pour garantir des conditions de sécurité pour les rapatriés.
La Jordanie est à un tournant critique, et la coopération internationale, notamment celle de l’ONU, est indispensable pour aider à soulager la pression exercée sur le pays et garantir le bien-être des réfugiés syriens. La communauté internationale doit unir ses efforts pour répondre aux besoins humanitaires de cette population vulnérable et travailler à trouver des solutions durables pour leur avenir incertain.
David Lévy
