Le Kremlin et l’avenir des bases militaires russes en Syrie : une situation incertaine
Le départ précipité de Bachar al-Assad en Russie, après une avancée rapide des forces rebelles dirigées par Hayat al-Tahrir al-Sham (HTS), relance les spéculations sur l’avenir des bases militaires russes en Syrie. Ces installations stratégiques, essentielles pour les opérations russes dans la région, sont désormais au cœur des préoccupations de Moscou.
Lors d’une déclaration récente, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a souligné qu’il était trop tôt pour déterminer le sort des bases de Hmeimim et de Tartous, situées respectivement dans les provinces de Lattaquié et sur la côte syrienne. « Tout cela dépendra des discussions avec les nouvelles autorités à Damas », a-t-il précisé, ajoutant que la situation actuelle en Syrie reste extrêmement instable.
La base aérienne de Hmeimim est un point névralgique pour les opérations aériennes russes en Syrie, tandis que l’installation navale de Tartous constitue le seul port méditerranéen permettant à la Russie de réparer et de réapprovisionner ses navires. Tartous sert également de point de transit stratégique pour les sous-traitants militaires russes déployés en Afrique.
Peskov a confirmé qu’Assad avait obtenu l’asile en Russie, une décision prise par le président Vladimir Poutine. Cependant, il a indiqué qu’aucune rencontre officielle entre les deux dirigeants n’était prévue à ce stade.
Au-delà de la Syrie, le Kremlin surveille avec inquiétude d’autres foyers de tension à l’échelle mondiale. Selon Peskov, le Moyen-Orient est « en feu », et la situation internationale est marquée par un risque accru de conflits.
Cette instabilité régionale s’ajoute à la guerre en Ukraine, où la Russie continue d’insister sur des négociations basées sur les accords d’Istanbul de 2022. Ces discussions, selon Moscou, doivent tenir compte des gains territoriaux réalisés par les forces russes, notamment dans les régions ukrainiennes qu’elle revendique.
Parallèlement, Dmitri Peskov a répondu aux appels du président élu des États-Unis, Donald Trump, en faveur d’un cessez-le-feu immédiat en Ukraine et d’un retour à la table des négociations. Si le Kremlin se dit ouvert au dialogue, aucune communication directe entre Poutine et Trump ou son équipe n’a encore eu lieu.
Poutine maintient que pour parvenir à un accord de paix, l’Ukraine doit renoncer à rejoindre l’OTAN et reconnaître la souveraineté russe sur les régions occupées. Une position qui reflète la volonté de Moscou de redéfinir les équilibres géopolitiques en sa faveur, malgré les tensions croissantes sur le terrain.
Alors que la Russie se concentre sur ses priorités en Ukraine, la question syrienne pourrait devenir un casse-tête stratégique pour le Kremlin. La perte potentielle de ses bases en Syrie affaiblirait son influence au Moyen-Orient, tandis que l’évolution rapide de la situation sur le terrain complique les négociations avec les futurs dirigeants syriens.
Dans ce contexte, la Russie semble vouloir jouer la carte de la prudence, tout en affirmant sa présence militaire et diplomatique dans une région où les alliances et les rapports de force évoluent constamment.
David Lévy