Un cessez-le-feu fragile au Liban : un tournant sous haute tension
Un accord de cessez-le-feu au Liban, fruit de négociations diplomatiques intenses, devrait être officiellement annoncé à 22 heures par les présidents américain et français, Joe Biden et Emmanuel Macron. Cette trêve, attendue pour entrer en vigueur à 10 heures le lendemain, marque une étape cruciale dans une région en proie à de violents affrontements.
La réunion du cabinet de guerre israélien, prévue à 18 heures, constituera une étape décisive pour valider cet accord. Selon des sources, ces discussions ont été marquées par une forte pression d’Israël pour réduire le rôle de la France comme garante sécuritaire, un rôle jugé sensible dans un contexte de tensions diplomatiques. Une fois validé, le Premier ministre Benjamin Netanyahu devra convaincre les responsables locaux du nord du pays de la nécessité de cette trêve.
Cependant, des voix au sein de la Knesset, notamment la commission des affaires étrangères et de la défense, insistent pour examiner les détails de l’accord avant son adoption définitive. Le ministre de la Défense, Israël Katz, est sommé de fournir des garanties sur son contenu.
Malgré cet accord, des responsables israéliens soulignent qu’il ne marque pas la fin des hostilités. Israël se réserve le droit de réagir en cas de nouvelles menaces. L’un des objectifs stratégiques serait d’isoler le Hamas en brisant la coordination entre ses fronts à Gaza et au Liban. De plus, selon des sources saoudiennes, l’accord ne prévoit pas la mise en place d’une zone tampon dans le sud du Liban, un point qui pourrait avoir des répercussions sur la sécurité régionale.
Le Hezbollah, par la voix du député Hassan Fadlallah, a déclaré qu’il poursuivrait ses activités, notamment en faveur des civils libanais déplacés. Le groupe considère cette phase comme particulièrement critique, d’autant plus que l’armée israélienne a intensifié ses frappes sur Beyrouth dans les heures précédant l’accord.
En Israël, les avis sur le cessez-le-feu sont partagés. Alors que certains dirigeants de droite, comme Zvi Sukkot, se sont ralliés à l’idée après les succès militaires contre le Hezbollah, d’autres conditionnent leur soutien à des garanties sécuritaires supplémentaires. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich et l’ancien Premier ministre Naftali Bennett figurent parmi ceux exprimant des réserves.
Ce cessez-le-feu, bien qu’il représente une accalmie temporaire, reste fragile dans un contexte où les enjeux géopolitiques et les rivalités locales demeurent vifs. Les prochaines heures, qualifiées de « sensibles et dangereuses », seront déterminantes pour jauger la solidité de cet accord et les perspectives d’une paix durable au Liban.
David Lévy