Les profits records et choquants des banques Israéliennes.
La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) a suscité beaucoup d’inquiétudes en Israël quant à la possibilité d’un scénario similaire touchant une banque locale. Cependant, les épargnants israéliens peuvent être rassurés, car contrairement à la SVB, les banques israéliennes affichent une santé financière robuste avec des profits record.
En effet, en 2022, le profit net des quatre grandes banques d’Israël (Leumi, Hapoalim, Mizrahi, Discount) a atteint 22 milliards de shekels, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente. Les banques Leumi, Hapoalim, Mizrahi et Discount ont généré respectivement des profits de 7,7 milliards, 6,5 milliards, 4,5 milliards et 3,5 milliards de shekels. Le taux de rentabilité des banques s’établit dorénavant entre 15 et 20%, battant tous les records antérieurs.
Cependant, ces profits record paraissent choquants à l’heure où l’inflation et les taux d’intérêt élevés pèsent sur le budget des ménages israéliens. En effet, la cause principale de ces profits est le bond du taux d’intérêt de la Banque d’Israël.
Les banques israéliennes ont donc enregistré des profits record en 2022, grâce à la hausse du taux d’intérêt de la Banque d’Israël. Les banques ont ainsi pu augmenter les intérêts facturés sur les prêts accordés à leurs clients. Cette situation a suscité des inquiétudes parmi les clients des banques, qui voient leur budget se réduire avec l’inflation et les taux d’intérêt élevés.
Malgré leur rentabilité record, les banques israéliennes ont fermé de nombreuses agences de quartier, réduisant les services de proximité pour leur clientèle et favorisant les services digitaux moins coûteux. Cela a suscité des critiques de la part des clients, qui estiment que les banques profitent de leur situation de quasi-monopole sur le marché bancaire pour maximiser leurs profits.
Cependant, un scénario à l’américaine est improbable en Israël, car le contrôle des banques est plus strict ici qu’aux États-Unis. La Banque d’Israël a renforcé ses contrôles suite à la faillite frauduleuse de la Banque israélienne pour l’Industrie en 2002, en relevant notamment le taux de réserves obligatoires à 9% des dépôts reçus, ce qui permettrait de faire face à d’éventuels retraits massifs.
Ce taux de réserves obligatoires est nettement plus élevé que celui observé dans la zone euro (1%) ou aux États-Unis (0%). Cela renforce la confiance des clients dans les banques israéliennes, qui peuvent ainsi se permettre de réaliser des profits record tout en garantissant la sécurité de leurs dépôts.
En fin de compte, les banques israéliennes affichent une belle santé financière, mais leurs clients aimeraient voir les profits réinvestis dans les services de proximité et les tarifs bancaires plutôt que dans les dividendes des actionnaires. La Banque d’Israël devrait donc continuer à surveiller de près les activités des banques pour garantir leur stabilité et protéger les intérêts des clients.
Déborah Tolédano