Les pédiatres demandent une campagne de vaccination immédiate contre la polio.
Après que des enfants de Safed ont été atteints par une nouvelle souche, des médecins indiquent qu’il n’y a pas de temps à perdre pour vacciner les 175 000 Israéliens qui ne le sont pas.
L’Association pédiatrique israélienne (IPA) a lancé un appel urgent, dimanche, réclamant au gouvernement et à la communauté médicale à s’attaquer de manière rapide et agressive à une épidémie de polio en cours.
L’IPA — c’est l’organisation-cadre qui réunit l’Association israélienne de pédiatrie ambulatoire et la Société israélienne de pédiatrie clinique – a diffusé une note dans laquelle elle fait part de son positionnement et où elle explique l’origine, selon elle, de l’épidémie ainsi que les initiatives à prendre pour en venir à bout. La première priorité, selon le document, est d’identifier et de vacciner les 175 922 enfants israéliens qui n’ont reçu pas reçu le vaccin contre la poliomyélite – un vaccin qui consiste en une série d’injections qui assure une protection optimale contre cette maladie virale susceptible d’entraîner la paralysie, le handicap, voire la mort.
Quatre enfants ont été atteints par la polio depuis la fin du mois de février. Le premier cas a concerné un petit garçon de Safed, âgé de huit ans, qui montrait des signes de paralysie aux membres. Les trois autres avaient été en contact avec l’enfant et ils avaient été testés positifs à la maladie, développant néanmoins une forme asymptomatique.
Selon la docteure Liat Ashkenazi-Hoffnung, directrice du service de l’hôpital de jour au sein de l’hôpital pédiatrique Schneider, l’épidémie actuelle est causée par la souche cVDPV2 qui n’avait jamais circulé en Israël.
« Nous savons que cette souche est identique à une souche qui a été identifiée à Londres et à New York et qu’il y a eu également un cas clinique à New York. Israël a une population qui interagit avec les populations qui sont là-bas et c’est apparemment ainsi que la souche est entrée en Israël », a-t-elle commenté.
« L’OPV [le vaccin oral] qui est administré en Israël n’empêche pas la propagation de la souche cVDPV2. Ce qui signifie que la seule manière de protéger totalement un enfant contre cette souche est de recevoir le vaccin IPV », ajoute-t-elle.
En Israël, le vaccin contre la polio consiste en quatre injections du vaccin IPV avant que l’enfant n’atteigne l’âge de 18 mois, et en une nouvelle injection lorsqu’il entre en CE1. Les bébés et les tout-petits reçoivent également deux doses de vaccin oral contre la maladie (OPV), qui lui sont données au goutte à goutte et qui offrent une protection totale contre la polio, empêchant aussi l’excrétion du virus dans l’école par le biais du système des eaux usées. Il permet aussi à un enfant de ne pas contaminer les autres.
La maladie se propage essentiellement par le biais des excréments et par contamination orale. De manière moins commune, elle peut se transmettre par voie aérienne, par le biais des gouttelettes de salive.
« Si nous avons pu atteindre un niveau d’éradication globale de la polio, alors nous devrions être capables de faire face avec des IPVs seulement – mais dans la mesure où il y a des souches qui circulent actuellement, le seul moyen de diminuer l’excrétion du virus par les selles est l’OPV », note Ashkenazi-Hoffnung.
Entre 1998 et 2022, aucun cas clinique de polio n’avait été signalé en Israël. La forme symptomatique de la maladie avait fait sa réapparition au mois de mars, l’année dernière, quand une fillette non-vaccinée, à Jérusalem, était venue consulter pour une paralysie et qu’une polio avait été alors diagnostiquée. Ce qui avait replacé Israël sur la liste de l’Initiative d’éadication de la polio de l’Organisation mondiale de la Santé, qui recense les pays en proie à des épidémies.
Une campagne nationale avait suivi, l’année dernière, visant à faire pleinement vacciner les enfants âgés de zéro à 17 ans qui ne l’étaient pas encore.
Ce n’est que depuis 2015 qu’une deuxième dose d’OPV fait part du protocole – et l’espoir avait été que la campagne de 2022 amènerait les enfants plus âgés qui n’avaient reçu qu’une dose à se faire injecter la seconde. La campagne avait été un succès concernant la couverture vaccinale des bébés – 37 000 avaient été vaccinés à ce moment-là. 96% des bébés avaient aussi reçu leurs deux doses d’OPV.
« Nous avons atteint une couverture en matière d’OPV de 85% parmi les jeunes enfants, ce qui est excellent. Et chez les pré-adolescents et les adolescents âgés de 10 à 17 ans, nous en sommes à 50%, ce qui n’est pas mal », s’exclame Ashkenazi-Hoffnung said.
« Les eaux usées ont été nettoyées du virus qui circule en ce moment et l’Organisation mondiale de la Santé a enlevé Israël de la carte », poursuit-elle.
Les cas cliniques de polio émergent dans les populations non-vaccinées
Selon l’Association pédiatrique israélienne et son président, le professeur Zachi Grossman, les communautés où le taux de vaccination est faible ne sont pas nécessairement anti-vax. Il s’agit de familles haredim en général, avec de nombreux enfants, qui n’effectuent pas toujours les visites de routine dans les dispensaires et chez le pédiatre. Ces familles ont aussi tendance à vivre en se côtoyant étroitement – des circonstances où la maladie peut se transmettre facilement d’un enfant à un autre.
« Pour ces familles, la vaccination ou la non-vaccination n’est pas une affaire d’idéologie. C’est une question pratique et technique, celle d’emmener leurs enfants chez le pédiatre », indique Grossman.
Il avertit toutefois que les enfants de toutes les communautés sont vulnérables face à la polio, recommandant avec vivacité aux adultes et aux enfants de conserver de bonnes pratiques d’hygiène (il évoque notamment un lavage des mains fréquent) en plus de la vaccination.
Grossman et Ashkenazi-Hoffnung sont tous les deux membres du groupe de l’IPA qui travaille sur les enfants atteints par la polio, ainsi que de la commission ad-hoc du ministère de la Santé. Ils expliquent tous les deux que la note émise dimanche a eu pour objectif de faire prendre conscience de l’épidémie aux médecins de famille, aux pédiatres et autres personnels de santé. Si un enfant se présente avec une faiblesse quelconque aux membres ou autres, des tests devront être menés pour déterminer si la cause est éventuellement le virus de la polio, a indiqué le groupe de travail.
Selon Grossman, la note est aussi une demande adressée au gouvernement d’allouer plus de ressources à une campagne immédiate de vaccination.
« Le plus haut niveau du gouvernement doit soutenir la création d’unités mobiles de vaccination qui iront dans les quartiers et dans les foyers. Nous ne pourrons atteindre un grand nombre de ces enfants non-vaccinés que si nous nous rendons chez eux », dit Grossman.
Le ministère de la Santé a indiqué qu’il prévoyait de lancer une telle opération en date du 29 mars.
« Il y a un budget désigné qui servira à renforcer les personnels qui permettront à la vaccination d’entrer dans les foyers. Un fournisseur a été choisi suite à un appel d’offres et les infirmiers qui travailleront pour ce fournisseur suivront une formation professionnelle… Ce service de vaccination à domicile sera mis à disposition des familles qui le souhaitent et il y aura un élargissement des efforts de vaccination dans les dispensaires pédiatriques », a indiqué le ministère dans un courriel.
Suite à l’épidémie actuelle de polio, le département de la Santé de New York a appelé, le 10 mars, tous les résidents à aller se faire vacciner contre la polio avait de partir pour Israël. Le département a aussi appelé les voyageurs à suivre les directives des CDC (Center for Disease Control) qui a conseillé au public de prendre des précautions contre la polio avant de se rendre au Royaume-Uni, en Ukraine, en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, au Nigeria, en Côte d’Ivoire et dans plusieurs autres pays du centre de l’Afrique.
Extraits – Source : fr.timesofisrael.com – Par Renée Ghert-Zand
https://fr.timesofisrael.com/les-pediatres-demandent-une-campagne-de-vaccination-immediate-contre-la-polio/