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Les monopoles sont la plaie des consommateurs israéliens

Yaelle Ifrah. « Les monopoles sont la plaie des consommateurs israéliens ».

Israël n’échappe pas à l’inflation généralisée, mais son modèle économique favorise encore plus la hausse des prix.

La viande est appétissante et le boucher passionné. Rue Emek Réfaïm à Jérusalem, une nouvelle enseigne vient d’ouvrir pour bien manger et pour moins cher. Marc Abitbol découpe un morceau de boeuf destiné à finir en goulash. Il pose son couteau et détaille son projet : « J’ai ouvert un rayon de boucherie à moitié prix. La même viande, la même provenance, mais à moitié prix ». Il poursuit : « il y a des monopoles ici, il n’y a pas de commerce libre. Il y a plusieurs grosses entreprises qui ont le monopole sur toute l’alimentation : sur les soupes, sur les pâtes, sur le lait. » Conséquence : « Vous ne pouvez pas faire entrer de l’étranger si ça ne passe pas par la bureaucratie et dans la bureaucratie, il y a beaucoup de combines. » Lui est « rentré dans un groupe d’acheteurs ». « Automatiquement, quand on a une force d’achat, on a une force de vente et on gagne très très bien notre vie », poursuit-il.

Un choc ultra-libéral après des décennies de socialisme

Ces monopoles sont la plaie des consommateurs israéliens constate Yaelle Ifrah. Dans quelques mois, cette conseillère économique au Parlement israélien va lancer une application pour comparer les prix et la qualité des produits. Elle dénonce un système absurde : « Israël a été un pays de type socialiste avec une économie totalement administrée durant les trente premières années de son existence. Et puis, à la suite de la révolution conservatrice qui a mené Menahem Begin au pouvoir en 1977, puis l’arrivée de Benyamin Netanyahou sur la scène politique en 1996, Israël s’est droguée à la doxa ultra-libérale et son économie est devenue une sorte de jungle. »

« La privatisation sauvage a fait que le monopole d’État s’est transformé en monopole privé », analyse-t-elle. « Les habitudes de protéger le marché intérieur israélien ont donné lieu à la création de toute une série d’institutions chargées de protéger les producteurs, comme pour le lait. Le marché du lait est entièrement régulé par l’État en Israël, qui fixe les prix d’achat et les prix de vente à la consommation. Nous avons donc un pays de dix millions d’habitants qui possède des centaines de standards industriels uniques au monde, qui évidemment sont destinés à bloquer l’importation. Sans parler du ministère de la Santé qui impose sur les produits alimentaires des normes draconiennes qui ne correspondent pas à ce qui existe à l’étranger. »

Cher cachère

À cela il faut ajouter une autre spécificité israélienne qu’est la nourriture cachère. Pour appliquer les prescriptions religieuses juives, les entreprises et magasins alimentaires sont obligés d’avoir recours à des salariés supplémentaires pour attester de la conformité des produits. Dans sa boucherie, Marc Abitbol désigne un papier rose bien visible accroché au mur : « C’est le certificat de cacheroute. C’est toujours un peu plus d’argent. Il y en a qui profitent de ça pour augmenter trop les prix », déplore-t-il. « Le prix n’est pas énorme, autour de 500 shekel tous les six mois, soit 150 euros. Mais il y a le ‘shomer’ le surveillant, qu’il faut payer tous les mois. Il y a plusieurs groupes de rabbins. Après, si vous voulez respecter plus orthodoxes, il faut payer encore une autre cacheroute à un autre surveillant. Et là, quand vous arrivez à ce niveau, ils ne vous font de cadeau ! »

La high-tech dope l’économie et les prix

L’année dernière, la high-tech a injecté 21 milliards de dollars dans l’économie israélienne soit 10 à 15% du PIB. Le cours du shekel s’envole ce qui pénalise les expatriés payés en euros et les prix des produits importés continue d’augmenter. Tel Aviv est classée ville la plus chère du monde par The Economist, le prix des logements est exorbitant témoigne l’agent immobilier Alex Losky, implanté dans tout le pays : « Les prix et les loyers ont augmenté de 60 % environ par rapport à la période pré-Covid. Dans une ville comme Bat Yam, c’était 10 000 shekels le mètre carré. Aujourd’hui, vous arrivez à Bat Yam entre 30 000 et 40 000 shekels le mètre carré, c’est-à-dire à 10 000 euros le mètre carré ».

Il poursuit : « Il y a un manque de construction énorme. Il manque à peu près 200 000 appartements. C’est un problème avant tout de bureaucratie. C’est incroyable. Le parti qui va arriver au pouvoir sera obligé de faire le maximum pour libérer des terrains. Je suis dans l’immobilier depuis 35 ans en Israël et je n’avais jamais vu de situation comme ça. » En Israël sept foyers sur dix sont régulièrement à découvert bancaire.

Source : israelvalley.com

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