Le Hezbollah accepte de se retirer au-delà du fleuve Litani, mais Israël reste prudent
Des rapports émanant du Liban affirment qu’en dépit des exigences affichées tout au long du conflit, le Hezbollah aurait accepté de repositionner ses troupes et armes au-delà du fleuve Litani, créant ainsi une zone démilitarisée. La chaîne libanaise MTV, connue pour ses positions critiques envers le Hezbollah, rapporte que ce retrait serait accompagné d’un cessez-le-feu de trois jours, actuellement en négociation. L’envoyé spécial du président américain Biden, Amos Hochstein, aurait informé le Premier ministre libanais Najib Mikati de ce qu’il percevait comme un assouplissement de la position d’Israël, offrant ainsi une lueur d’espoir.
Du côté israélien, la prudence reste de mise. Des sources officielles ont confié au quotidien Maariv que les États-Unis souhaitent progresser rapidement pour établir un cessez-le-feu avant les élections américaines du 5 novembre. Toutefois, ces mêmes sources soulignent qu’il est peu probable que tous les points de l’accord soient finalisés d’ici là. « Israël ne reviendra pas sur ses exigences initiales et ne cédera sur aucun point fondamental », a précisé une source proche des négociations, qui reste sceptique quant à une entente rapide avec le Hezbollah.
Un éventuel accord de cessez-le-feu, promu par Washington, verrait le retour des résidents israéliens dans leurs maisons au nord et le retrait de la plupart des forces de défense israéliennes (IDF) du Liban. Néanmoins, les autorités israéliennes, telles que le maire de Kiryat Shmona, Avichai Stern, appellent à la prudence. Stern a averti ses concitoyens de ne pas précipiter leur retour : « Ils ne nous achèteront pas avec de l’argent éphémère. Ne revenez pas tant que nous n’aurons pas donné le feu vert. »
Moshe Davidovich, responsable du conseil régional de Mateh Asher, a également exprimé des réserves, déclarant que « la menace réelle pour nos résidents n’a pas été éliminée. » Il a évoqué des tirs de missiles antichars sur les communautés frontalières, qui continuent malgré les discussions diplomatiques en cours.
Les récents votes à la Knesset interdisant le soutien à l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) risquent de compliquer la situation. On estime à Tel-Aviv que l’administration américaine, insatisfaite de cette mesure, pourrait chercher à adopter une résolution contraignante au Conseil de sécurité de l’ONU pour imposer un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hezbollah.
Le président français Emmanuel Macron, qui a publiquement exprimé son soutien à une telle initiative, pourrait également pousser en ce sens. Jusqu’à présent, l’administration Biden a freiné les démarches de Paris, mais une réévaluation est envisagée après les élections américaines, particulièrement si un apaisement régional n’est pas atteint.
Si un cessez-le-feu est instauré, il pourrait s’appuyer sur une version augmentée de la Résolution 1701, permettant à Israël une marge de manœuvre pour empêcher le réarmement du Hezbollah. Selon une source israélienne, un embargo sur les armes pourrait être envisagé en cas de non-respect de cet accord, sous la pression américaine et internationale.
Ainsi, l’avenir des relations entre Israël, le Hezbollah et les acteurs internationaux reste incertain, avec une attention accrue sur les prochaines semaines et sur les impacts potentiels des élections américaines sur les décisions stratégiques dans la région.
Déborah Tolédano