La France confrontée à une réduction de son influence militaire en Afrique
L’armée française a entamé le processus de retrait de ses troupes d’un pays du Sahel central, marquant une étape supplémentaire dans la redéfinition de son rôle en Afrique. Ce départ s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, où la présence occidentale dans la région fait face à des contestations croissantes et à une montée en puissance de nouveaux acteurs internationaux, notamment la Russie.
Depuis Paris, les autorités militaires françaises ont précisé que l’évacuation des mille soldats déployés sur place nécessiterait encore plusieurs semaines. Cette initiative intervient dans la foulée de la décision de mettre fin à l’accord de coopération militaire qui liait la France et ce pays africain. Ce retrait s’accompagne également du rapatriement d’avions de combat français basés à N’Djamena, la capitale tchadienne, vers des bases en France.
Ces derniers mois, le retrait français illustre un phénomène plus large : la réduction de l’implication des puissances occidentales en Afrique. Après avoir été écartée du Tchad, la France a également vu ses forces expulsées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois pays voisins marqués par des coups d’État militaires et un virage stratégique en faveur de partenariats avec la Russie. Ces gouvernements, souvent portés par un fort sentiment anticolonial, reprochent à l’armée française son incapacité à juguler efficacement la menace terroriste dans la région.
Pendant des décennies, les forces françaises ont joué un rôle central dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, cherchant à affaiblir des groupes comme l’État islamique. Cependant, ces opérations militaires n’ont pas réussi à endiguer l’expansion des organisations djihadistes, ce qui a alimenté un rejet croissant de leur présence.
Ce retrait s’inscrit dans une série de revers diplomatiques pour la France en Afrique. Au-delà du Sahel, même des pays historiquement proches comme le Sénégal commencent à questionner la pertinence de maintenir des troupes françaises sur leur sol. En novembre dernier, le président sénégalais, Basiro Dumay Paya, a déclaré que la présence des 350 soldats français dans son pays était « inappropriée », même s’il n’a pas encore officialisé leur départ.
Cette vague de départs reflète une mutation des équilibres géopolitiques en Afrique, où les anciennes puissances coloniales sont progressivement supplantées par de nouveaux partenaires. La Russie, en particulier, renforce son influence via des accords de coopération militaire et une diplomatie active dans la région. Pour la France, ces changements imposent une réévaluation profonde de sa stratégie en Afrique et de son approche des partenariats bilatéraux.
L’époque où la France jouait un rôle de premier plan dans la sécurité et la stabilisation du Sahel semble toucher à sa fin. Ce retrait marque une transition majeure, tant pour la France que pour l’Afrique, alors que les équilibres de pouvoir continuent de se redéfinir. Il reste à voir si ce retrait ouvrira la voie à une stabilité accrue ou s’il amplifiera les tensions dans une région déjà fragilisée par des conflits multiples.
David Lévy