Muriel Ouaknine-Melki : « L’antisionisme se répand chez les élites et rejoint celui des cités »
La présidente de l’Organisation juive européenne revient sur sa rencontre récente avec le président israélien, Isaac Herzog.
Vous venez d’effectuer un voyage en Israël au cours duquel vous avez rencontré le président de l’État. Pourquoi cette démarche ?
Muriel Ouaknine-Melki : Cela fait maintenant plusieurs années que nous avons constaté que l’antisionisme n’est plus l’apanage des seuls Territoires perdus de la République. Plusieurs journaux déversent quotidiennement leur haine d’Israël, taxant Israël d’État apartheid, indiquant que des pogroms s’y déroulent, mentionnant de graves exactions de l’armée israélienne à l’encontre des civils palestiniens. Or ces affirmations, qui sont fausses, se répandent au sein de nos élites, certains magistrats, professeurs, enseignants, députés, sénateurs les reprennent et les diffusent à leur tour. Cet antisionisme ruisselle depuis le haut de la pyramide sociétale et rejoint l’antisionisme des cités.
Le président Herzog et son directeur de cabinet Zvi Vapni m’ont reçue, la semaine passée, pour échanger sur ces sujets. Ils m’ont permis de rencontrer plusieurs membres du gouvernement susceptibles de réfléchir à nos côtés. Parmi eux, le ministre de la Diaspora Amihaï Chikli, aussi en charge de la lutte contre l’antisémitisme. Notre réflexion va donc s’enrichir de ces échanges et de ceux à venir.
La lutte contre l’antisémitisme en France passe-t-elle obligatoirement par Israël ?
M. O-M. : Elle passe par toutes les bonnes volontés. Je rencontre systématiquement toutes les personnalités
désireuses de mener ce combat que ce soit en France, en Israël ou à Madrid plus récemment. Il se trouve qu’en
Israël, le président Herzog est particulièrement sensible et lucide sur l’urgence et la nécessité d’accroître notre lutte contre l’antisémitisme, un peu partout dans le monde. Il en va de même pour chacune des personnes
que j’ai pu rencontrer en Israël. Il y a une connaissance fine de cette problématique et une absence totale de naïveté face à nos ennemis qui rejoignent parfaitement la vision pratique de l’OJE dans ce combat.
Quel bilan faites-vous de l’action de l’OJE après neuf années d’existence ?
M. O-M : Une personne victime d’un acte antisémite sait désormais qu’elle sera assistée et représentée par toute
une équipe d’avocats, depuis le dépôt de plainte par un avocat pénaliste jusqu’à l’indemnisation de son préjudice par un avocat civiliste, qu’elle bénéficiera des meilleurs experts médicaux et n’aura pas à débourser un seul centime pour tout cela. Plusieurs familles en ont déjà profité, c’est très concret et c’est notre plus grande fierté. Nos nombreuses actions, notamment contre la fachosphère, ont également conduit certains délinquants derrière les barreaux et nous plaidons systématiquement haut et fort pour que des peines sévères soient prononcées. Nous sommes convaincus qu’en matière d’antisémitisme l’exemplarité des peines est dissuasive. Nos objectifs
restent les mêmes : lucidité, vigilance et combat actif pour pouvoir maintenir une communauté juive nombreuse et forte en diaspora.
Propos recueillis par Laëtitia Enriquez
Source : lphinfo.com
https://lphinfo.com/muriel-ouaknine-melki-lantisionisme-se-repand-chez-les-elites-et-rejoint-celui-des-cites/