La tech israélienne reste optimiste malgré les défis actuels.
Malgré les difficultés auxquelles elle est confrontée, la tech israélienne conserve un optimisme résolu quant à ses perspectives d’avenir. Alors que la croissance mondiale ralentit et que des mouvements de contestation secouent le pays depuis janvier, ce secteur demeure un moteur essentiel de l’économie israélienne. En effet, il contribue à près de 18 % du produit intérieur brut (PIB), représente 12 % de l’emploi, la moitié des exportations et un tiers des recettes fiscales de l’État, selon les chiffres officiels.
Néanmoins, un rapport récent de l’Autorité israélienne de l’innovation (IIA) et du Start-Up Nation Policy Institute (SNPI), une ONG promouvant l’innovation en Israël, indique que le nombre d’emplois dans le secteur de la tech a diminué pour la première fois depuis 2008 en 2022, avec une baisse de 0,2 % de la masse salariale. De plus, près d’un tiers des entreprises israéliennes ont réduit leurs embauches et une sur quatre a tout simplement cessé de recruter, selon le même rapport.
Ces difficultés sont attribuées à l’inflation mondiale et aux taux d’intérêt élevés. Dror Bin, directeur de l’IIA, souligne que cette stagnation de l’embauche n’a pas encore eu d’impact négatif sur le PIB ni sur les exportations, mais qu’elle suscite une inquiétude grandissante. Les manifestations massives contre la réforme judiciaire proposée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu ont également contribué à l’incertitude économique, avec des craintes de baisse des investissements étrangers et de ralentissement de la croissance.
Malgré ces défis, les acteurs de la tech israélienne demeurent optimistes. Uri Gabaï, président du SNPI, reconnaît que l’incertitude actuelle nuit à l’économie israélienne et à la tech, car les investisseurs n’apprécient pas l’incertitude, surtout en période de ralentissement mondial. Cependant, il affirme également que des signes positifs laissent présager une stabilisation des montagnes russes économiques et financières mondiales, ce qui rétablirait la stabilité.
Bien que certains entrepreneurs choisissent de domicilier leurs entreprises à l’étranger, de nombreuses sociétés maintiennent leurs activités en Israël. Gil Messing, de l’entreprise de cybersécurité Check Point Software, souligne que le ralentissement du marché a incité les entreprises à abandonner certains projets et à modifier leurs priorités. Toutefois, il affirme que son entreprise continue d’embaucher plutôt que de réduire ses effectifs.
Les fluctuations économiques ont également un impact sur les membres de la minorité arabe en Israël, qui sont souvent en première ligne. Maissam Jaljouli, directrice de l’ONG Tsofen, qui encourage l’emploi des Arabes dans le secteur de la haute technologie, constate une diminution du nombre d’emplois pour les membres de sa communauté. Alors qu’en 2021, son organisation a pu aider 500 Arabes à trouver un emploi dans le domaine de la tech, ce nombre est passé à seulement 300 en 2022 et à moins de 60 depuis le début de cette année. Elle souligne également que de nombreuses personnes ont été licenciées.
Malgré ces difficultés, Dror Bin de l’IIA reste convaincu que la tech israélienne ne sera pas affectée à moyen et long termes. Il met en avant l’écosystème composé d’entrepreneurs, d’investisseurs et de chercheurs hautement qualifiés en Israël, qui sont capables de trouver des solutions. Son optimisme repose sur le constat que la tech israélienne a toujours su sortir renforcée des crises précédentes.
Il est essentiel de souligner que l’innovation technologique a toujours été au cœur de l’économie israélienne. Malgré les défis actuels, le pays continue de se positionner en tant que leader mondial dans des domaines tels que la cybersécurité, l’intelligence artificielle, les technologies agricoles et environnementales, et bien d’autres encore. Les startups israéliennes continuent d’attirer des investissements et de repousser les frontières de l’innovation.
Cependant, pour assurer la pérennité de la tech israélienne, il est crucial que les autorités du pays s’engagent à maintenir un environnement propice à la croissance. Cela implique de résoudre les problèmes politiques internes, tels que le mouvement de contestation et les réformes judiciaires, qui génèrent de l’incertitude pour les investisseurs étrangers. Une stabilité politique et économique solide est indispensable pour assurer le succès continu du secteur de la tech en Israël.
Déborah Tolédano
