La mutation du Moyen-Orient : naissance d’une nouvelle géopolitique
Le Moyen-Orient traverse une transformation profonde, illustrée par le geste audacieux du Royaume d’Arabie saoudite d’accueillir simultanément le président ukrainien Vladimir Zelensky et le président syrien Bachar al-Assad lors du sommet de la Ligue arabe à Djeddah. Ce geste symbolise la naissance d’une dynamique régionale inédite dans le Moyen-Orient.
Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe après une exclusion de douze ans, et la présence notable de Zelensky, adversaire avéré de la Russie, dévoilent un Moyen-Orient qui n’est plus simplement l’échiquier des superpuissances. Cette nouvelle configuration, transcendante les alliances traditionnelles, est le reflet d’un nouvel ordre régional en gestation.
L’incorporation d’Assad, le dirigeant d’une Syrie déchirée, impliqué dans le massacre de centaines de milliers de ses concitoyens et la migration forcée de millions d’autres, est indéniablement controversée. Néanmoins, cette action, bien que potentiellement répréhensible à première vue, fait écho à la réalité de la conjoncture régionale face au déclin de l’influence américaine, autrefois perçue comme une constante indéboulonnable.
Le nouveau Moyen-Orient ne se définit plus par les oppositions géopolitiques habituelles. Au contraire, il est marqué par une compétition ouverte en matière d’influence, de pouvoir et de ressources entre différents acteurs. Il ne s’agit pas seulement de géopolitique, mais également de la recherche de stabilité et de survie dans un environnement en pleine redéfinition.
L’absence d’une stratégie américaine claire pour la région ouvre un espace de pouvoir que d’autres nations, telles que Pékin, s’empressent de combler. La Chine a récemment orchestré un accord entre Riyad et Téhéran, capitalisant sur le retrait progressif des États-Unis de la région. C’est là une autre manifestation de l’évolution du Moyen-Orient vers une dynamique plus multipolaire, où le pouvoir n’est plus l’apanage d’une seule superpuissance.
Cependant, cette nouvelle réalité n’est pas dénuée de risques. L’absence de règles claires et d’alliances stables pourrait potentiellement accroître la menace de conflits armés. De plus, un retrait mal géré des États-Unis pourrait générer davantage de chaos, avec des conséquences négatives pour les intérêts américains et la stabilité régionale.
Les alliés traditionnels des États-Unis, tels que l’Arabie saoudite, se réorientent en fonction de leurs propres intérêts nationaux. L’exemple du Royaume accueillant simultanément Zelensky et Assad témoigne de cette tendance. Cela ne signifie pas que le Royaume endosse les actions de ces dirigeants, mais plutôt qu’il reconnaît la nécessité d’interagir avec tous les acteurs régionaux, indépendamment de leur passé, dans le contexte actuel.
La reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la Syrie, ainsi que l’invitation à l’opposant de Poutine, Zelensky, ne signifie pas une alliance du Royaume avec Téhéran ou Pékin, mais plutôt une prise de conscience de la nouvelle réalité régionale. Sans un système de sécurité soutenu par les États-Unis, isoler les acteurs régionaux clés ne présente que peu d’intérêt stratégique.
Le nouveau Moyen-Orient semble donc être une région contrainte de naviguer à travers ses propres défis et rivalités sans l’assurance ou le soutien d’une superpuissance. Cela pourrait ouvrir la porte à de nouvelles opportunités, mais aussi entraîner des défis et des dangers significatifs. La façon dont les acteurs régionaux s’orienteront dans ce paysage changeant déterminera l’avenir du Moyen-Orient.
Le sommet de Djeddah sert de preuve tangible de ces nouvelles réalités. Le Moyen-Orient que nous connaissions est en train de se transformer, annonçant une nouvelle ère. Dans ce nouveau chapitre, les alliances pourraient être plus souples, les intérêts nationaux pourraient l’emporter sur les engagements idéologiques, et l’équilibre du pouvoir pourrait continuer à se déplacer. Il reste à voir comment les acteurs régionaux et mondiaux s’adapteront à cette nouvelle réalité en gestation.
InfosJ
J’imagine et ne serai pas surpris de la disparition dans les petites années a venir, du Liban, de la Syrie et de la Jordanie.