La lutte contre le racket en Israël : Une priorité législative majeure.
Le phénomène du racket a connu une transformation significative en Israël ces dernières années, avec les criminels s’appropriant différents territoires. En réponse, une loi visant à éradiquer ce fléau a été examinée en vue de sa première lecture lors d’une réunion conjointe du Comité de la Constitution, du droit et de la justice et du Comité de la sécurité nationale de la Knesset mardi dernier.
Simcha Rothman, président du Comité juridique, a souligné que la lutte contre le racket figure parmi les priorités majeures du gouvernement. Il a affirmé que la Knesset est pleinement engagée à élaborer des mesures pour soutenir les forces de l’ordre. Simcha Rothman a également mentionné que ce type de criminalité préoccupe non seulement la police, mais aussi le ministère de la Sécurité nationale, l’Administration fiscale et la Knesset.
« Le racket représente l’une des principales sources de criminalité, » a déclaré Simcha Rothman. « Les cas où des frais de protection sont exigés compliquent la tâche pour prouver le crime, ainsi que pour son traitement et sa punition. » Zvika Fogel, président du Comité de la sécurité nationale, a souligné que la loi devrait introduire des moyens pour identifier et contrer les gangs qui extorquent les entreprises par intimidation.
« L’objectif est de créer des dispositions légales spécifiques qui encourageront les victimes à déposer des plaintes et permettront aux forces de l’ordre de contrer efficacement les racketteurs, » a ajouté Fogel.
Selon la police israélienne, la loi devrait s’attaquer aux motivations économiques du crime, notamment en confisquant les fonds des criminels. Elle a souligné que si un racketteur est emprisonné pendant quelques années mais conserve l’argent volé, le problème ne serait pas résolu.
« La législation devrait se focaliser sur celui qui reçoit l’argent et non sur la victime, » a insisté la Police.
Yitzhak Kreuzer, député d’Otzma Yehudit et initiateur du projet de loi, a noté que certaines difficultés juridiques proviennent du fait que « la protection [extorsion] découle souvent de suggestions implicites. »
Le bureau du procureur du district du Nord a exprimé son inquiétude face au faible nombre de plaignants et la difficulté à établir un lien entre la violence sporadique et l’extorsion.
Selon Simcha Rothman, le manque de victimes qui portent plainte ne relève pas uniquement du jargon juridique, mais aussi de la confiance dans la réponse appropriée.
Le projet de loi envisage d’élargir l’infraction pénale de menaces d’extorsion, et d’introduire une présomption selon laquelle si une personne reçoit de l’argent d’un propriétaire d’entreprise sans explication valable, il est soupçonné de l’avoir obtenu par extorsion. Les rédacteurs du projet de loi envisagent également d’augmenter la peine minimale à trois ans et la peine maximale.
Le ministère de la Justice a noté une évolution récente du racket en Israël. Auparavant, les criminels initiaient directement le crime en exigeant des frais, mais maintenant, ils se partagent différents territoires, et les entrepreneurs qui lancent des affaires dans ces zones savent qu’ils devront payer.
De plus, les racketteurs dirigent des entreprises pour blanchir leurs frais de protection, poussant ainsi les forces de l’ordre à traquer les fausses factures de ces entreprises qui affichent des revenus élevés mais sans dépenses.
Kreuzer a qualifié le racket de « fléau national » affectant « environ 70% des propriétaires d’entreprises, des agriculteurs et des entrepreneurs ».
Hagar Yahav Biran, présidente de la Fédération israélienne des organisations commerciales, a révélé que le racket cause des dommages de 1 à 1,5 milliard de NIS chaque année dans le secteur agricole. Des victimes ont partagé leurs expériences traumatisantes avec le comité, racontant comment leur propriété avait été attaquée avec des cocktails Molotov. Rothman a suggéré que les comités effectuent une visite dans le sud pour constater directement les effets sur les entreprises.
En somme, la lutte contre le racket en Israël est devenue une priorité nationale. Le gouvernement et la Knesset unissent leurs efforts pour développer des dispositifs juridiques efficaces et des mécanismes d’application de la loi afin de combattre ce fléau, dans l’espoir de redonner confiance aux victimes et de dissuader les criminels.
Déborah Tolédano