Le pont terrestre entre Israël et l’Arabie saoudite apparaît comme une perspective qui change la donne
Une initiative conjointe entre Israël et les États-Unis est en train de prendre forme avec un plan ambitieux pour la construction d’un pont terrestre reliant les Émirats arabes unis, via l’Arabie saoudite et la Jordanie, aux ports israéliens. Ce projet, qui émerge de manière discrète, vise à faciliter le transport des marchandises dans la région tout en réduisant considérablement les coûts logistiques. Dans une deuxième phase, ce pont terrestre permettrait également la circulation touristique.
Cette initiative surprenante survient à un moment où les relations entre Israël et les États-Unis ne sont pas à leur apogée. Cependant, Jérusalem et Washington travaillent conjointement sur ce projet secret qui vise à établir une continuité terrestre reliant les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël. L’objectif est de créer un itinéraire direct reliant le golfe Persique aux ports maritimes israéliens, permettant ainsi l’exportation de marchandises de l’Est vers l’Europe via Israël.
Ce pont terrestre révolutionnaire permettrait aux camions de transporter des marchandises de manière plus rapide et économique, en éliminant les formalités administratives et les longs délais d’attente aux passages frontaliers entre les pays. Actuellement, les camions en provenance des Émirats arabes unis doivent passer par le pont Allenby pour atteindre le port de Haïfa en Israël, ce qui entraîne des complications bureaucratiques et des retards importants. Une autre option consiste à utiliser des navires via le canal de Suez pour expédier les marchandises vers les ports européens, mais cela s’avère également coûteux.
Le nouveau plan envisage d’éliminer ces obstacles en permettant à un seul camion et chauffeur de voyager directement de Dubaï au port de Haïfa, par exemple, sans devoir effectuer de changements aux passages frontaliers entre les pays. Le ministère israélien des Affaires étrangères a présenté ce projet à l’envoyé spécial américain Amos Hochstein. Les responsables israéliens ont indiqué que les Américains étaient enthousiasmés par cette initiative et ont commencé à la promouvoir auprès des pays concernés, à savoir les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Jordanie.
Il s’agit d’un projet d’infrastructure transfrontalier qui débutera aux Émirats arabes unis, traversera l’Arabie saoudite et se terminera dans les ports maritimes israéliens. À l’avenir, il pourrait s’étendre à Bahreïn et à Oman. En Israël, les chances de faire avancer rapidement ce projet sont très élevées, même avant l’établissement de liens formels entre Israël et l’Arabie saoudite, car toutes les parties concernées bénéficieraient de temps de transit plus courts et de frais d’expédition réduits, comblant ainsi le fossé entre l’Extrême-Orient et l’Europe.
Israël promeut également ce projet dans les pays du Golfe, tout en bénéficiant du soutien des États-Unis. Ce pont terrestre s’appuiera sur les routes existantes, mais nécessitera la modernisation de certaines d’entre elles ainsi que la construction de nouveaux tronçons. Il sera essentiel que tous les pays concernés s’accordent sur la normalisation des camions pour faciliter leur circulation entre les différents pays, ainsi que sur la délivrance de permis de conduire pour les conducteurs autorisés à voyager le long de cet itinéraire sans entraves ni retards.
Selon le plan de développement, ce pont terrestre servira également à des fins touristiques et de voyage. Ce projet favorisera la connectivité entre Israël et les pays de la région dans les domaines du transport, des infrastructures et des échanges d’informations.
Selon des sources proches des détails du plan, celui-ci a pu être rendu possible grâce à la signature des accords d’Abraham et à l’engagement américain en faveur de la promotion de la paix dans la région, une paix qui pourrait transformer le Moyen-Orient. Parallèlement, Washington continue de promouvoir un projet de connectivité ferroviaire reliant le Golfe à Israël, puis à l’Europe, mais sa mise en œuvre prendra encore plusieurs années, tandis que le pont terrestre pourrait être opérationnel dans un avenir proche. Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré : « Le ministère des Affaires étrangères travaille à élargir le cercle de la paix et à promouvoir des projets régionaux qui renforceront la position d’Israël au Moyen-Orient et la stabilité régionale. L’investissement dans de tels projets d’infrastructure contribuera à stimuler le commerce entre les pays, de l’Asie vers l’Europe, et apportera prospérité aux pays partenaires ».
Dans un document du ministère des Affaires étrangères obtenu par Ynet et Yedioth Ahronoth, il était écrit : « Les accords d’Abraham ont changé la réalité politique de notre région et ont ouvert de nouvelles voies de transport. Un projet régional de connectivité terrestre entre les États du Golfe et Israël sera un véritable game-changer, améliorant le commerce mondial au Moyen-Orient, renforçant la position d’Israël en tant que plaque tournante pour le transport de marchandises de l’Extrême-Orient vers l’Occident, et mettant en évidence le rôle des États-Unis dans la région.
Le projet de connectivité terrestre par camions offrira une solution simple pour améliorer le commerce et créera une plateforme commune à tous les partenaires, y compris les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Jordanie, ainsi que d’autres pays ayant des intérêts régionaux tels que Bahreïn et Oman. »
Déborah Tolédano.