Macron s’attire la critique pour avoir recadré Borne, accusée de stigmatiser le Rassemblement national
Emmanuel Macron, a été l’objet de critiques acerbes après avoir recadrer la Première ministre, Elisabeth Borne, sur sa manière d’aborder le parti politique Rassemblement National (RN). Cette critique transversale, à la fois de la gauche et de la droite, fait suite à des déclarations de Macron lors d’un déplacement à Bratislava, où il a insisté sur sa confiance envers Borne malgré leur divergence apparente.
En tant que fille d’un survivant de la Shoah, Borne avait affirmé que le RN était l' »héritier de Pétain », une déclaration qui a provoqué une réaction de Macron. Ce dernier a avancé l’idée qu’il ne fallait pas combattre l’extrême droite avec des « arguments moraux », mais plutôt sur des questions plus concrètes et de fond. Ce recadrage, jugé malvenu par certains, a été perçu comme une tentative de banalisation du RN, attisant les critiques à l’encontre de Macron.
Des figures politiques de droite comme de gauche ont fustigé cette approche de Macron, y voyant un cynisme malsain et une banalisation de l’extrême droite. Olivier Marleix, le chef des députés Les Républicains, a vivement réagi, soulignant le rôle de la « diabolisation » du RN dans l’élection et la réélection de Macron grâce au « barrage républicain ». De son côté, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a défendu Borne, rappelant son histoire familiale et sa légitimité à souligner les liens du RN avec l’extrême droite.
Cependant, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a démenti toute idée de désaveu envers la Première ministre. Il a affirmé que Borne était « parfaitement fondée » à rappeler des faits historiques tout en combattant le RN sur ses propositions et ses idées.
Paradoxalement, malgré les accusations de banalisation, le RN lui-même a épargné Macron, concentrant plutôt ses attaques sur les propos de Borne. Jordan Bardella, le président du RN, a exigé des excuses de la part de Borne pour des déclarations qui, selon lui, ont « choqué beaucoup de Français ». De même, Marion Maréchal, vice-présidente exécutive de Reconquête!, a critiqué la « pauvreté intellectuelle » des déclarations de Borne, tout en reprochant à Macron de ne pas s’être prononcé sur le fond.
Cette situation démontre clairement la tension croissante entre Macron et Borne, ainsi que les difficultés rencontrées par le président pour naviguer dans le paysage politique complexe de la France. L’incident souligne également la sensibilité du débat sur la manière de traiter l’extrême droite en France, un sujet qui reste au cœur de nombreuses discussions politiques. Alors que Macron continue de faire face à des critiques, il reste à voir comment cette dynamique évoluera et quel impact elle aura sur la trajectoire politique du pays.
Déborah Tolédano