14 juillet 1099 : les premiers croisés prennent Jérusalem
Les Croisés ont quitté l’Europe occidentale trois ans plus tôt pour répondre à l’appel du pape Urbain II et reprendre aux Infidèles – les musulmans – le tombeau du Christ. Après un long périple, marqué par de nombreux défis et combats, ils sont enfin arrivés aux portes de la Ville sainte.
L’armée dirigée par Raimon de Saint-Gilles a été la première à atteindre Bethléem sans encombre, où elle a été chaleureusement accueillie par les chrétiens en liesse. Puis, le 7 juin 1099, les croisés ont aperçu les dômes emblématiques de Jérusalem.
Cependant, la tâche n’était pas facile. Ils devaient se préparer à un siège difficile, sous la chaleur de l’été. Heureusement, une escadre génoise est arrivée à Jaffa avec du matériel de siège et des provisions pour soutenir les croisés.
Sur les dizaines de milliers d’hommes qui étaient partis d’Europe plus de trois ans auparavant, seuls environ 1 500 chevaliers et 12 000 fantassins se massaient désormais aux abords de la Ville sainte. La crainte d’une intervention des armées du calife fatimide d’Égypte a précipité le début du siège, qui a été déclenché dans la nuit du 13 au 14 juillet.
L’attaque a commencé le 14 juillet, mais la garnison égyptienne a riposté en incendiant les tours roulantes des croisés à l’aide de feu grégeois, un combustible extrêmement puissant.
Au matin du vendredi 15 juillet, Godefroi de Bouillon et son jeune frère Eustache de Boulogne ont réussi à s’approcher des murailles à bord d’une tour protégée par des peaux de bêtes fraîchement écorchées, les préservant ainsi du feu. Bientôt, des échelles ont été appuyées contre les murailles depuis tous les côtés. Les combats étaient acharnés, et dès le lendemain, les premiers croisés ont réussi à pénétrer dans la cité.
Grâce à l’intervention de Raimon de Saint-Gilles, les défenseurs de la citadelle ont été épargnés et ont reçu un sauf-conduit jusqu’à la côte. Cela démontrait une certaine clémence de la part des croisés, malgré l’intensité des combats et la ferveur religieuse qui les animait.
Voici le récit de la prise de Jérusalem par Raimondo d’Aguilers*:
«À peine les nôtres eurent-ils occupé les murs et les tours de la ville, alors ils purent voir des choses terribles : certains, et c’était une chance pour eux, étaient décapités, d’autres tombaient des murs criblés de flèches ; beaucoup d’autres enfin brûlaient dans les flammes. A travers les rues et les places, on voyait des têtes amoncelées, des mains et des pieds coupés ; hommes et chevaux couraient parmi les cadavres. Mais cela n’était rien encore : parlons du Temple de Salomon, où les Sarrasins avaient l’habitude de célébrer leurs cérémonies religieuses. Que s’y était-il passé ? Si nous disions la vérité, nous ne serions pas crus : disons seulement que dans le Temple et dans le portique de Salomon, on avançait avec du sang jusqu’à la hauteur des genoux et des mors des chevaux. Et c’était par juste jugement divin que ce lieu qui avait supporté si longtemps les injures contre Dieu, recevait leur sang. Après la prise de la ville, il était beau de voir la dévotion des pèlerins devant le Sépulcre du Seigneur et de quelle façon se manifestait leur joie en chantant à Dieu un chant nouveau. Et leur coeur offrait à Dieu vainqueur et triomphant des louanges inexprimables en paroles… »
*Raimondo d’Aguilers, également connu sous le nom de Raymond d’Aguilers, était un clerc français et un chroniqueur qui a participé à la Première Croisade. Il est surtout connu pour son récit détaillé des événements de cette croisade, intitulé « Historia Francorum qui ceperunt Iherusalem » (Histoire des Francs qui ont pris Jérusalem).
La Première Croisade, qui a culminé avec la prise de Jérusalem en 1099, a été marquée par de nombreux événements tragiques, dont les massacres de juifs qui se sont produits lors du siège de la ville sainte. Ces massacres sont souvent considérés comme l’un des épisodes les plus sombres de cette période.
Lorsque les croisés ont réussi à pénétrer dans Jérusalem le 15 juillet 1099, ils ont été animés par un zèle religieux fervent et une détermination à reconquérir la Terre sainte. Malheureusement, cette ferveur s’est souvent transformée en violence aveugle et en animosité envers tous ceux qui étaient considérés comme des ennemis de la foi chrétienne, y compris les juifs.
Les récits historiques divergent quant au nombre exact de victimes juives et aux circonstances précises de ces massacres. Les estimations varient, mais il est généralement admis qu’un grand nombre de juifs ont été tués lors des événements qui ont suivi la prise de Jérusalem.
Les croisés, animés par une hostilité envers les non-chrétiens, ont attaqué et pillé les quartiers juifs de la ville. Les juifs se sont réfugiés dans leurs synagogues et dans d’autres lieux de culte, mais cela ne les a pas protégés de la fureur des assaillants. Des récits historiques rapportent que des milliers de juifs ont été massacrés, certains brûlés vifs dans leurs synagogues, d’autres massacrés dans les rues ou poussés à se suicider pour échapper à une mort violente.
Ces massacres étaient alimentés par des préjugés et des stéréotypes antisémites profondément enracinés. Les juifs étaient souvent perçus comme des ennemis de la foi chrétienne, accusés de déicide pour la crucifixion de Jésus, et victimes de rumeurs et de calomnies répandues à l’époque.
Il est important de souligner que tous les croisés ne participaient pas à ces massacres. Certains chefs croisés, comme Godefroi de Bouillon, ont tenté de protéger les juifs et d’autres non-chrétiens de la violence, mais leurs efforts ont été limités et n’ont pas pu empêcher les atrocités perpétrées par d’autres.
Godefroi de Bouillon, l’un des chefs militaires les plus influents de la Première Croisade, est souvent cité comme ayant fait des efforts pour protéger les juifs lors des événements de cette période tumultueuse. Bien que les détails spécifiques soient limités, plusieurs sources historiques mentionnent son intervention en faveur des juifs de différentes manières.
Lors du siège de Jérusalem en 1099, après la prise de la ville, il est rapporté que Godefroi de Bouillon a accordé la protection aux juifs qui avaient cherché refuge dans une synagogue. Selon certains récits, il aurait personnellement empêché l’attaque de la synagogue et ordonné à ses troupes de ne pas porter atteinte aux juifs qui s’y trouvaient. Cela aurait permis à de nombreux juifs d’échapper à la violence généralisée qui a accompagné la prise de la ville.
De plus, il est dit que Godefroi de Bouillon aurait interdit le pillage des biens juifs et aurait empêché les croisés de commettre des violences à leur encontre. Il aurait également ordonné la libération des juifs qui avaient été faits prisonniers par les croisés.
David Lévy.